Hegel en 60 minutes

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Titre de l'ouvrage: 
Hegel en 60 minutes
Auteur(s) de l'ouvrage: 
Walther Ziegler
Maison d'édition: 
Books On Demand
Date de parution de l'ouvrage: 
Octobre 2018
Date de rédaction: 
Octobre 2020

 

« Hegel est le premier philosophe à avoir perçu la dimension du « devenir » dans toute son ampleur. L’histoire de l’humanité, la succession des époques ne sont pour lui rien d’autre que le déploiement de l’esprit universel. Où tout est mû par un puissant moteur intérieur : la dialectique. Comment fonctionne-t-elle ? où s’achève l’histoire ? Sommes-nous de simples spectateurs ou acteurs ? Hegel ouvre une formidable perspective sur la dynamique de notre vie. » (4ème de couverture)

 

  1. La grande découverte de Hegel : « Tout est en perpétuel mouvement », tout change (on retrouve chez Hegel la notion d’impermanence[1] du bouddhisme)

 

La vie humaine (du nourrisson à adulte), la nature, l’Histoire, tout est en perpétuel mouvement

La vérité elle-même, à savoir ce que les humains estiment vrai et objectif change au cours de l’histoire », La vérité n’est pas un idéal intemporel, mais un processus vivant p 9

Tout, absolument tout, est en perpétuel mouvement : les convictions, la morale, le droit, les lois et même l’art, la musique, l’architecture p9

« Le vrai est le Tout. Mais le Tout n’est que l’essence s’accomplissant définitivement par son développement » Hegel

Chaque moment de l’histoire est lui-même une figure individuelle complète : la forme d’esprit du romantisme est par exemple toute autre que celle du gothique ou du baroque.

Mais ces différentes formes d’esprit ne s’enchaînent pas de façon arbitraire ou par simple hasard, mais suivent au contraire un principe de mouvement logique appelé dialectique p13

(exemple des phases de croissance d’une plante : graine, germe, feuilles, fleurs et enfin fruits qui suivent un principe interne,) un naturalisme peut être déplacé ?

 

C’est à même ses contradictions que progresse l’esprit. Au départ il y a toujours une thèse, c’est-à-dire l’idée directrice, puis une contradiction ou comme le dit Hegel, une antithèse, et finalement une synthèse, nouvelle forme d’esprit qui dépasse la contradiction entre les deux premiers termes

 

L’Histoire de l’humanité - c’est à dire la somme des diverses formes d’esprit ou époques que l’humanité a traversé et qu’elle continue de traverser, (appelée aussi le « royaume des esprits ») - suit elle aussi une logique interne, une forme jaillit de la précédente , par la dialectique : la dialectique n’est pas une simple croissance harmonieuse mais progresse par crises et contradictions. « C’est seulement dans la mesure où quelque chose a dans soi-même une contradiction qu’il se meut, qu’il y a  impulsion  et activité » Hegel

 

Il n’y a pas chez Hegel de Dieu éternel qui surplombe tout ; pour lui Dieu est au milieu et en mouvement perpétuel. L’esprit du monde divin, l’être humain pensant et l’Histoire universelle ne sont que trois perspectives différentes d’un seul et même mouvement, ce sont différents angles de vues d’un seul et même processus de déploiement dialectique de la raison. (pourquoi rajouter le mot raison à moins que raison soit ici équivalent d’intelligence , ou de la logique dialectique ?)

 

Une vision du monde radicale : le mouvement dialectique de la raison survient à la fois en dieu , en l’humain et en l’Histoire

 

  1. La pensée centrale de Hegel : la dialectique, le moteur de la pensée

 

L’être humain ne peut penser que dialectiquement, il apprend que par erreurs et contradictions, par expériences. Par l’expérience, l’humain modifie son savoir sur l’objet mais aussi sur lui-même (exemple de l’humain mangeant des champignon)

 

Le terme « aufhebung » qui a trois significations : supprimer, garder, dépasser, aide à comprendre la magie de la dialectique

 

 La logique du devenir : la contradiction versus l’identité

C’est la contradiction et non la recherche d’identité qui est une détermination plus essentielle et plus profonde, seule la contradiction imprime un mouvement (critique de la philosophie classique) « la contradiction est la racine de tout mouvement et de toute vitalité » Hegel p33

Déterminer un objet par le principe de l’identité, c’est se borner à constater de façon abstraite l’existence ou la non existence d’une concordance

 

La dialectique dans l’Histoire par l’exemple de la dialectique du maître et de l’asservi

Il n’y a pas que la conscience individuelle qui progresse à même ses contradictions, l’Histoire aussi.

Dans son ouvrage La phénoménologie de l’esprit  (600 pages) Hegel décrit l’évolution de la conscience de soi, (de l’Esprit du monde), de ses origines à aujourd’hui (est-ce la conscience de soi universelle ou occidentale ?)

A l’inverse de l’animal, la conscience humaine n’acquiert sa conscience de soi que par le détour de la reconnaissance par autrui, par une autre conscience de soi. « Chacun est aux yeux de l’autre l’élément médian par lequel chacun s’intermédie et se concatène avec lui-même » Hegel, p41

 

Au terme de son développement, la conscience de soi humaine fait, selon Hegel, l’expérience qu’elle ne peut vivre en parfaite liberté et autonomie que dans l’unité avec l’autre conscience de soi, en tant que Je qui est un Nous et Nous qui est un Je.

 

 

Le mouvement dialectique de l’Histoire universelle dont la finalité est la liberté

 

Le déploiement individuel de la conscience, l’Histoire universelle et l’Esprit divine du monde ne sont que plusieurs facettes du déploiement dialectique de la raison.

La fin suprême vers laquelle on s’efforce de tendre d’une époque vers l’autre est la liberté. Le sens de l’Histoire réside dans le déploiement de la liberté.

Seul l’Etat, doté de lois, de juges, et de bonne législation, peut permettre au citoyen de mener une vie libre et autodéterminée, et les protéger contre l’arbitraire (exemple de la Terreur après la Révolution française)

Chez Hegel il n’existe pas de droit de résistance contre l’Etat (contrairement à John Locke) et il ne tenait non plus en grande estime la démocratie.

 

Dieu comme Esprit du monde se déployant

 

C’est dans et par les humains que Dieu grandit, l’absolu est et veut être à chaque instant auprès de nous. Pour Hegel, Dieu est cet Esprit du monde qui se déploie dans la nature, dans l’être humain et dans l’Histoire universelle, (une forme de panthéisme ?)

L’homme ne peut avoir connaissance de Dieu que dans la mesure où Dieu est présent dans la pensée et l’action humaines et y append quelque chose de lui-même et que par conséquent la conscience de Dieu est finalement la même chose que la conscience de l’humain et inversement. L’Esprit du monde, c’est-à-dire Dieu, se réalise dans les formes de l’esprit de l’Histoire universelle. « Dieu gouverne le monde : le contenu de sa direction, l’exécution de son plan, c’est l’Histoire universelle » Hegel

 

La ruse de la raison

 

L’Esprit du monde laisse les humains décider eux-mêmes, mais utilise leurs passions et leurs actes pour le déploiement de la raison dans l’époque donnée « La raison laisse agir à sa place les passions » (Hegel)

Comme l’Esprit du monde, par son mouvement de soi dialectique, fait avancer le déploiement de la raison d’une époque à l’autre, chaque époque considérée pour elle-même est forcément rationnelle d’où la conclusion « ce qui est rationnel est réel, et ce qui est réel est rationnel »

 

Le but ultime de l’Histoire

Les formes d’esprit continuent de se succéder jusqu’à ce que survienne finalement le déploiement total de l’Esprit du monde et en même temps le déploiement de la pensée individuelle et ce, dans un dernier dépassement fulgurant de toutes les contradictions et leur réconciliation dans le savoir absolu qui aboutit à la fin de l’Histoire  à une triple réconciliation :

  • Réconciliation de l’individu avec la société. La conscience individuelle a fait l’expérience qu’elle ne peut être libre et autonome dans la durée que si elle est reconnue par une autre conscience libre et autonome. Elle se reconnait Je comme un Nous et un Nous qui est un Je
  • Réconciliation de l’individu avec la substance (c’est-à-dire avec la nature ou la matière, mais aussi les peuples, Etats et institutions). L’esprit humain se sait à la fois comme sujet et substance étant donné qu’il se reconnaît comme l’extension incorporée dans la substance. Nous nous reconnaissons comme homo sapiens, mais également dans l’ensemble du processus naturel qui nous a engendrés. A la fin il ne peut plus rien y avoir d’autre chose que notre pensée et qu’il n’y a jamais eu rien d’autre en dehors de notre pensée « C’est cela qui implique que l’être est un penser » (Hegel)
  • Réconciliation de l’individu avec l’Esprit du monde. Nous savons que dieu n’est lui aussi que le mouvement venant à soi de l’Histoire universelle

 

 L’Esprit du monde n’est rien d’autre que la prétention acharnée de la raison (la logique de la dialectique se déployant ?) à faire irruption quand son temps est venu. L’analyse de l’Histoire est vue par Hegel comme déploiement de la raison au sens de la réalisation de la liberté.

 

La vie est changement

La philosophie hegélienne nous apprend à concevoir la vie comme un processus et à voir nos vérités respectives comme ce qu’elles sont dans l’instant, une forme de l’esprit qui nous aide à comprendre le monde et à le gérer, mais qui peut sans cesse être dépassée par du nouveau et qui doit l’être de temps en temps « La vérité est le mouvement d’elle-même chez elle-même »

 

Dépasser Hegel par Hegel : Faire preuve à tout moment d’imagination dialectique. Poème Eloge dialectique de Berthold Brecht

 

[1] Anitya, « non-éternité » ou plus généralement l’impermanence, est selon le bouddhisme l'une des trois caractéristiques ou trilakshana de toute chose. Selon Gautama Bouddha, l'attachement aux choses impermanentes s'avère être la cause de la souffrance, dukkha, car ce qui est impermanent ne peut être satisfaisant. Wikipédia