Le Monstre doux. L'occident vire-t-il à droite ?
« Si la droite nouvelle avance pendant que la gauche survit péniblement, ce n’est pas seulement pour des raisons politiques. C’est le cas bien sûr, de nombre d’entre elles, mais la véritable raison à voir avec la culture de la modernité en tant que système économico-idéologique total. Je suis résolument convaincu que si la nouvelle droite l’emporte, c’est parce qu’elle peut compter sur un paradigme de culture exceptionnellement attirant et affable, débordant et diffus, qui lui garantira la primauté pour un temps non seulement dans les parlements et les postes de commandement, mais surtout dans les us et coutumes de gens (j’allais ajouter qui usent et consomment), autrement dit, dans la vie de chacun d’entre nous ». (p 12).
"La modernité pouvait fasciner ses premiers interprètes ; aujourd'hui, par-dessus tout, elle nous inquiète et nous effraie" (p 15)
Le monstre doux : le paradigme de la culture de masse de la droite nouvelle (p105)
La prophétie de Tocqueville
Le fait de voir (p124)
« le visionnaire » (p134)
La technovision dilate le périmètre de l’expérience, élargit le champ du visible. Cet enrichissement a pourtant un coût élevé : il dégrade la densité de la réalité
Honte et compassion.
« Le Monstre doux a tout simplement provoqué la débâcle en installant à sa place un égoïsme imperturbable. Le souci de l’autre a cédé la place à celui de soi-même et de son propre bien être, tout au plus de sa propre famille » (p 144).
Alors que le Monstre doux s'imposait, se ramifiait, la gauche continuait de s'occuper des sujets économiques et sociaux, de programmes politiques et d'accords entre les partis, demeurant aveugle au fait que dans la modernité, l'économique et le social ne sont pas plus importants que la dimension de l'air du temps.
« Avec l’avènement de la modernité mondialisé et consumériste, « les idéaux de la gauche » -ceux qui la distingue de la droite (voir pp 160-170) – ne paraissent plus être à la hauteur des temps. A une époque de gaspillage, consumériste et libérale à l’extrême comme la notre, ils prennent un aspect intrinsèquement réducteur, morne et déprimant » p 54
La nouvelle droite , non un parti mais une culture
« avec l’aide cruciale des médias, la nouvelle droite a préféré prendre une autre forme (qu’un parti) : elle se présente plutôt comme une mentalité diffuse, impalpable, une idéologie flottante, un ensemble d’attitudes et de mode de comportements que l’on respire dans l’air (du temps Zeitgest) et dont les avatars s’observent dans la rue, à le télévision ou dans les médias. En définitive, il s’agit d’une forme possédant le don d’ubiquité, insidieuse et finalement insaisissable ; Il s’agit bien plus d’un culture que d’une force politique concrète (…) Etant donnée que sa diffusion se fait par capillarité et qu’il est possible d’en observer les manifestations partout, la culture de la droite nouvelle peut être vue, admirée, désirée, et si besoin, copiée sans difficultés. Il n’est pas même nécessaire de créer des systèmes d’endoctrinement pour en diffuser les principes : pour l’absorber il suffit de suivre les médias (la télévision surtout), de regarder autour de soi et de vivre » p.76
L’ultracapitalisme est doté d’une spécificité historiquement nouvelle : il accumule les profits plus seulement en exploitant ses propres travailleurs, mais plutôt en capturant et en opprimant sa propre clientèle mondiale. Cette dernière s’est laissée prendre dans une spirale où se retrouvent différents facteurs qui ne sont plus seulement économiques, mais qui affectent plusieurs dimensions de la vie individuelle et collective : la publicité, le produit, le marketing, le crédit facile, le désir de fun et d’évasion, l’espoir de rester jeune longtemps, une aspiration à une vie abondante et désinvolte… »(p 82).
Les jeunes : où les jeunes sont ils passés (pp 94-99), puérilité (p 147)