Sous le voile du cosmos. Quand les scientifiques parlent de Dieu
L’auteur
Jacques Arnould, historien des sciences et théologiene, est chargé de mission pour les questions éthiques au CNES (Centre national des études spaciales)
Chapitre 3 Et Eisnstein dit « Que dieu soit ! »
Etre scientifique et religieux « Essayez de pénétrer , avec nos capacités limitées, les secrets de la nature et vous découvrirez que demeure, derrière les concaténations observables, quelque chose de subtil, d’intangible et d’inexplicable. Sentir que derrière tout ce que peut appréhender l’expérience, se trouve quelque chose que notre esprit ne peut saisir et dont la beauté et le sublime ne nous touchent qu’indirectement sous la forme d’un faible reflet, c’est le religieux » p 71
« Je crois avec Schopenhauer , précise Einstein, que l’une des raisons les plus fortes qui font se consacrer les hommes à l’art et à la science est d’échapper à la vie quotidienne avec sa brutalité pénible et son morne désespoir, d’échapper à la prison de leurs propres désirs sans cesse changeants » p73
L’esprit de la recherche scientifique a des traits en commun avec celui d’une religion (ou de la spiritualité)
« L’homme essaie de se faire, de la façon qui lui convient le mieux, une image simplifiée et intelligible du monde ; il essaie donc, dans une certaine mesure, de remplacer par un cosmos à lui le monde de l’expérience, et de surmonter ainsi celui-ci. Ce que font chacun à sa manière, le peintre, le poète, le philosophe dans ses spéculations, et le savant. Chacun fait de la construction d’un tel univers l’axe de sa vie émotionnelle, et cherche à trouver par là la paix et la sécurité qu’il ne peut rencontrer dans le domaine par trop étroit et remuant de l’expérience personnelle »p74
Pas pour un Dieu personnel
« il me semble que l’idée d’un Dieu personnel est un concept anthropomorphique que je ne puis pas prendre au sérieux. Je ne me sens pas non plus capable d’imaginer que quelque chose puisse vouloir ou poursuivre un but en dehors de la sphère humaine, ma vision est proche de celle de Spinoza : une admiration pour la beauté de l’ordre et de l’harmonie que nous pouvons appréhender humblement et seulement imparfaitement, une foi en leur simplicité logique » p82
« Je crois dans le Dieu de Spinoza qui se révèle à lui-même dans l’harmonie ordonnée de ce qui existe, non en un Dieu qui serait concerné par le destin et les actions des êtres humains » p80
La science « purifie la pulsion religieuse des scories de son anthropomorphisme et contribue à une spiritualisation religieuse de notre compréhension de la vie »
Les trois états de la religion
La religion de la peur (les humains doivent se concilier le monde des génies malfaisants ou bienveillants pour survivre)
La religion sociale ou morale (Dieu de la providence)
La religion cosmique, exempte de tout anthropomorphisme et débarrassée de tout cléricalisme. Appartiennent au rang de ces êtres d’exception Démocrite, Spinoza, Einstein associe Françoise d’Assise
Science et religion
La science est fondée sur un système de croyance, sur une forme de foi. Ainsi en est-il de la conviction selon laquelle la nature est intelligible : à celui qui lui demande pourquoi les lois qu’il utilise, d’une manière absolue et universelle, sont ce qu’elles sont, le physicien répond que personne n’en sait rien p97
Autres chapitres
Le Comte-Sponville : « Celui qui se sent un avec le Tout n’a pas besoin d’autre chose. Un Dieu ? Pourquoi faire ?, L’univers suffit ? Une Eglise ? Inutile. Le monde suffit. Une foi ? A quoi bon ? L’expérience suffit » L’esprit de l’athéisme, Introduction à une spiritualité sans Dieu p 161
« tout savant matérialiste sent bien, obscurément ou clairement, que si l’astrophysique établit que l’Univers a commencé , quelque chose ne va plus dans les fondements du matérialisme ; Et c’est pourquoi, depuis vingt siècles, le matérialisme défend, avec la dernière vigueur la thèse de l’éternité de l’Univers » p127
Chapitre 11 Vers une religion cosmique
Un christ à la dimension cosmique de Teilhard de Chardin
Au cours du XX siècle , des chercheurs se sont interrogés à plusieurs reprises sur la possible consonance , voire la forme d’unité qui existeraient entre la science physique occidentale et la pensée orientale, Heinsenberg, Niels Bohr p243
Mathieu Ricard et Trinh Xuan Thuan, L’infini dans la paume de la main
« on retrouve toujours cette idée que la réalité est faite d’une série d’objets dotés d’existence autonome. Cette idée a dominé la science occidentale jusqu’à la mécanique quantique et continue d’empêcher nombre de scientifiques de renoncer à leur vision réificactrice des phénomènes. p245
« Le bouddhisme réfute l’existence d’entités indépendantes pour arriver à la notion de relation et de causalité réciproque ; c’est uniquement en relation et en dépendance avec d’autres facteurs qu’un événement peur survenir. Cette notion d’interdépendance est synonyme de vacuité, terme qui n’indique pas une négation du monde, mais l’absence d’entités autonomes en tant que composantes de la réalité »
Voire aussi le livre de Jean Claude Bologne, Une mystique sans Dieu, Albin Michel, 2015
« J’appelle mysticisme une expérience de mise en contact direct et inopiné avec une réalité qui dépasse nos perceptions habituelles, et qu’on peut ressentir comme étant le vide ou l’infini (…) Si je me suis nourri des mystiques de toutes origines, je n’ai pas pour autant trouvé quoi que ce soit qui me rapproche de la foi. La foi est question de croyance, non d’expérience » p 20 »
Laïc : Je tiens à conserver au mot laïc son sens propre : « indépendant de toute confession religieuse » on peut tout en étant sincèrement croyant et pratiquant avoir une pratique laïque de la vie sociale, en confinant sa foi dans la sphère privée » p24
Agnostique / athé
agnostique, qui ne se prononce pas sur l’existence de Dieu
Athée : en dehors de toute croyance à Dieu